La Une Courrier des lecteurs Législatives des 30 juin et 7 juillet 2024: 10 questions aux candidats

Législatives des 30 juin et 7 juillet 2024: 10 questions aux candidats

par SRG Salaun
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Comme lors de dernières élections législatives, Belle-Ile en diagonales a adressé le même questionnaire aux différents candidats de la 2e circonscription du Morbihan. Leurs réponses sont publiées ici dans leur ordre d’arrivée:

LUTTE OUVRIÈRE (Yves Cheère)

1) Pourriez-vous évoquer votre histoire personnelle avec la circonscription, et avec Belle-Île en particulier?

Cela fait 4 ans que j’ habite à Auray, avant j’ j’habitais à Le Mans où j’étais ouvrier chez RENAULT. Mais depuis près de 30 ans à chaque grande marée, quand cela était possible, je posais des congés pour pécher des étrilles, bouquets, ormeaux etc… ainsi que le bar dans le  secteur Locmariaquer, Saint Philibert, Saint Pierre Kerinis. Cela dit je n’ai jamais eu de temps pour aller à Belle-île.

2) On parle souvent des îles comme de possibles « laboratoires » pour des alternatives qu’on pourrait ensuite appliquer à grande échelle. Qu’imagineriez-vous pouvoir expérimenter à Belle-île ?

Je suis un ouvrier, mon combat est contre le grand patronat qui mène,la société à la catastrophe tant économique que sociale, écologique, voire à la guerre tout court. Je ne suis pas un technicien de possibles alternatives et de plus je n’ habite pas à Belle-île. Je dirais que sur la question je laisse aux habitants le soin de choisir ce qu’ils désirent expérimenter.

3) Concernant la question énergétique en particulier, pourriez-vous détailler le modèle qui se rapprocherait le plus de votre idéal?

Pour ma part je n’ai pas d’ idées arrêtées sur aucune source d’énergie, je ne suis pas un spécialiste de la chose ( mis à part le charbon qui a décimé les mineurs avec la silicose ). Je pense que c’est aux travailleurs, à la population, de décider vers quel mode d’ énergie il faut aller avec toutes les informations disponibles mais avant tout que celui-ci ne soit pas aux mains des groupes capitalistes car vu que leur seul moteur est la recherche du profit, il y aura toujours un danger potentiel pour la population aussi bien sur la question de la sécurité que sur celle des pollutions éventuelles.

4) Concernant la question du logement, dans les zones où les prix flambent, soutenez-vous l’idée d’un statut de résident breton (ou autre)? Et quelles sont les mesures qui vous sembleraient les plus urgentes?

Je suis opposé à tout ce qui peut diviser les travailleurs dans tous les domaines ( travail, logement, nationalité etc…). La seule délimitation qui est essentielle c’est celle entre la bourgeoisie et les travailleurs qui ont des intérêts diamétralement opposés et c’est la seule qui vaille.

5) On doit au député Jimmy Pahun l’adoption d’un amendement cadre sur l’exception d’insularité. A l’heure actuelle, cet amendement est surtout invoqué pour des questions d’urbanisme. Pourrait-on imaginer qu’il serve également sur le sujet de l’emploi, par exemple en imposant aux collectivités territoriales de faire en priorité appel aux compétences locales avant de recruter à l’extérieur ?

Avoir un toit pour se loger et élever sa famille est un droit minimum. Si aujourd’hui nous sommes dans une situation où le problème est de plus en plus dramatique c’est la responsabilité de tous les gouvernements qui se sont succédé, à droite ou à gauche, qui plutôt que de prendre en charge la construction par l’ État des centaines de milliers de logements sociaux en embauchant directement de l’architecte au maçon, ont préféré dilapider l’argent public en subventions pour les grandes entreprises, leurs actionnaires ou tout autres intérêts privés. Là aussi les travailleurs auront à imposer aux possédants le droit au logement par l’action collective et le rapport de force.

6) En tant que député, vous serez aussi appelé à vous prononcer sur des questions internationales. Aujourd’hui, la guerre en Ukraine, ainsi que le conflit israélo-palestinien et ses répercussions sur le territoire, sont dans tous les esprits. Comme député, comment vous positionnerez-vous sur ces sujets ?

Le capitalisme avec sa guerre économique, comme ils disent, amène inévitablement à la guerre tout court. Tout ça pour mettre la main sur des marchés, des matières premières etc… Même si pour le moment on ne prend pas de bombes sur la tête, on paye déjà la guerre avec la course à l’ armement que tous les partis du NFP au Rassemblement National soutiennent. L’ argent public qui part dans les poches des marchands de canons Tables, Naval Group, Dassault, c’est autant de moins pour les hôpitaux, l’ Éducation et tous les services publics utiles à la population. Donc nous disons « pas un sou pour l’armée, pour la guerre! » Jean Jaurès disait avant d’être assassiné que le capitalisme portait en lui la guerre comme la nuée porte l’ orage, eh bien si nous voulons la paix, il faut le renverser.

7) En partie liée à la question précédente, la question de l’accueil des réfugiés se fait notamment via un Schéma national d’accueil des demandeurs d’asile & d’intégration des réfugiés, actuellement en cours d’élaboration pour la période 2024-2027. Concernant les objectifs d’accueil pour la Bretagne, quelle sera votre position ?

En tant que militant ouvrier communiste révolutionnaire je dénonce absolument les attaques contre les migrants qui en font les boucs émissaires de tous les problèmes et toutes les politiques antimigratoires actuelles. Je suis pour la régularisation de tous les sans-papiers et pour la libre circulation de tous les travailleurs. À bas l’ Europe forteresse !

8) Dans cette élection, quel candidat considérez-vous comme votre principal adversaire politique?

Mes principaux adversaires politiques sont tous ceux qui sont soumis au grand patronat et ont attaqué les travailleurs. Ceux qui gouvernent aujourd’hui ( macronistes ou autres) ou ont gouverné ( gauche unie ) ou aspirent à le faire comme le Rassemblement National.

9) Quelle(s) qualité(s) lui reconnaissez-vous?

Je ne reconnais aucune qualité aux ennemis des travailleurs ou à leurs faux amis.

10) Comme député, quel serait votre atout majeur?

Je suis un ouvrier, toute ma vie j’ai travaillé en usine, je connais bien les problèmes du monde du travail au contraire des politiciens professionnels qui promettent monts et merveilles et tournent le dos à leurs promesses. Les députés veulent tous nous faire croire qu’ ils peuvent changer la vie. Ils mentent comme des arracheurs de dents. Il n’ y a que les grandes luttes collectives et générales des travailleurs qui ont ce pouvoir. Si j’étais élu ma seule ambition serait d’être les yeux et les oreilles des travailleurs pour dénoncer toutes les attaques et les mauvais coups en préparation contre le monde du travail et répéter sans cesse que c’est nous les travailleurs qui faisons fonctionner la société, c’est donc à nous de la diriger et pas aux capitalistes qui ne sont que des parasites,et qui emmènent la société à la catastrophe.

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RASSEMBLEMENT NATIONAL (Florent de Kersauson)

Florent de Kersauson et sa suppléante Florence Kappeler

1) Pourriez-vous évoquer votre histoire personnelle avec la circonscription, et avec Belle-Île en particulier?

Florent de Kersauson: Je suis arrivé à La Trinité quand j’avais 12 ans. Belle-île a eu très vite une place particulière dans mon cœur car c’est une des premières escales qu’on nous a autorisée à 15 ans. Sauzon et Le Palais : que de bons souvenirs de liberté pour de très jeunes capitaines. Mon beau-père François Hirsch, poète et traducteur de Kundera et de Cormack McCarthy avait choisi François Kerel comme pseudonyme.  Comme moi il adorait ce mouillage caché, où je passe tous les ans.

Florence Kappeler : Alréenne et quiberonnaise, je suis très attachée à notre exceptionnel cadre de vie. Investie en politique depuis près de 20 ans je milite pour que le pouvoir revienne entre les mains du peuple, pour que les décisions politiques soient prises dans l’intérêt des populations et des territoires et non au profit de nos dirigeants. J’ai à cœur la sauvegarde de notre beau territoire, son histoire, sa culture et son indépendance.

2) On parle souvent des îles comme de possibles « laboratoires » pour des alternatives qu’on pourrait ensuite appliquer à grande échelle. Qu’imagineriez-vous pouvoir expérimenter à Belle-île ?

L’hôpital local avec l’offre de soins primaires regroupée au sein de l’hôpital local qui constitue une réelle attractivité médicale. C’est une réponse possible face à la pénurie de médecins. Il y a 10 ans, il n’y avait plus que 2 médecins. Aujourd’hui 8 généralistes et 16 spécialistes concourent à proposer une offre de soins satisfaisante. Et il y a aussi la laiterie nouvellement mise en fonction pour favoriser le circuit court et le local.

3) Concernant la question énergétique en particulier, pourriez-vous détailler le modèle qui se rapprocherait le plus de votre idéal?

Arrêt immédiat de tous les projets éoliens en mer !

Raisons locales : industrialisation de la mer, mépris de la biodiversité, altération des fonds, atteintes inévitables à diverses espèces, préjudices aux activités humaines, désastre pour les paysages, le patrimoine et l’imaginaire culturel bretons.

Raisons nationales : inutilité du développement des énergies intermittentes industrielles dans le système électrique français, décarboné à 90% – absence de puissance nouvelle garantie en cas d’augmentation de la demande.

Raisons matérielles : immaturité de la technologie…

Les Français attendent demain de leurs élus des engagements fermes pour une autre politique énergétique, sans éoliennes, qui soit réellement économique et respectueuse des citoyens et de notre environnement.

L’association Energ’île autonome portée par le CPIE (Centre Permanent d’Initiatives pour l’environnement association loi 1901) imaginait une île autonome en énergie. Cela n’a pas vu le jour. Et les faits récents nous montrent à chaque fois que les îles sont fragiles et fortement dépendantes du continent (électricité, alimentation, eau, internet, médicaments). 

4) Concernant la question du logement, dans les zones où les prix flambent, soutenez-vous l’idée d’un statut de résident breton (ou autre)? Et quelles sont les mesures qui vous sembleraient les plus urgentes?

Instaurer une « prime de vie chère » sur les îles du Ponant. Certains députés en ont fait la demande (Savoie, Haute Savoie, Ile de France). Aujourd’hui, un couple de 2 infirmiers avec 2 enfants ne peut pas acheter un logement à Belle-île-en-mer et est contraint de partir sur le continent. Une aide-soignante ou un professeur d’école ne peut pas vivre seul sur l’île. La prime d’attractivité territoriale existe: 940 euros par an. Encore faut-il que le député en face la demande. Cela n’a jamais été fait malgré de multiples demandes. 

Depuis plus de 10 ans, la population, l’hôpital local, les restaurateurs et hôteliers demandent un plan logement pour les salariés saisonniers. Un exemple flagrant: le restaurant le Roz avel, à Sauzon, ferme faute de saisonniers. Un autre exemple, l’hôpital, qui recourt massivement à l’intérim, ce qui grève son budget qui de fait est lourdement déficitaire. L’hôpital en 2023 a payé 1900 nuitées d’hôtel sur l’ensemble de l’année. 

5) On doit au député Jimmy Pahun l’adoption d’un amendement cadre sur l’exception d’insularité. A l’heure actuelle, cet amendement est surtout invoqué pour des questions d’urbanisme. Pourrait-on imaginer qu’il serve également sur le sujet de l’emploi, par exemple en imposant aux collectivités territoriales de faire en priorité appel aux compétences locales avant de recruter à l’extérieur ?

Les compétences locales se font de plus en plus rares, les Bellilois s’en vont sur le continent, tandis que les maisons sont majoritairement achetées par des résidents secondaires. D’où la fermeture de commerces, de restaurants. La difficulté RH est omniprésente, y compris à la mairie de Le Palais. Le nombre de résidences secondaires dépasse les 50% depuis 2023. C’est un signe. 

La priorité doit être donnée pour les insulaires. Vivre sur une île est déjà compliqué. Les tempêtes, les trajets bateaux, le surcoût de la vie quotidienne, les enfants en internat. 

6) En tant que député, vous serez aussi appelé à vous prononcer sur des questions internationales. Aujourd’hui, la guerre en Ukraine, ainsi que le conflit israélo-palestinien et ses répercussions sur le territoire, sont dans tous les esprits. Comme député, comment vous positionnerez-vous sur ces sujets ?

Notre position sur l’Ukraine est qu’il faut militer en faveur de la paix et en ce sens nous considérons que Vladimir Poutine a bel et bien agressé l’Ukraine et que cela est inadmissible. Par contre nous sommes absolument contre l’envoi de troupes françaises en Ukraine, nous sommes contre toute intervention militaire française parce que nous estimons que nous n’allons pas faire couler le sang de nos fils sur le sol ukrainien pour un conflit qui ne nous concerne que de très loin. Nous sommes contre tous ceux qui sont va-t-en guerre comme Raphaël Glucksmann qui parle d’interventionnisme militaire en Ukraine et nous estimons aussi que pour faire la paix, il faut dialoguer avec toutes les parties, c’est-à-dire tout à la fois Volodymyr Zelensky et Vladimir Poutine.

Pour la question israélo-palestinienne, la solution c’est celle qui était déjà défendue par le général de Gaulle, dite « à deux États » avec un État palestinien et un État israélien. Par contre nous considérons aujourd’hui que le Hamas est une organisation terroriste qui déjà oppresse un certain nombre de Palestiniens mais aussi et surtout s’est livrée à des actes de terrorisme et des actes offensifs militaires avérés contre Israël. Il a été à l’origine du conflit ouvert que nous connaissons aujourd’hui et à ce titre, contrairement à d’autres organisations politiques comme La France Insoumise par exemple nous considérons que ce sont nos ennemis prioritaires et que tous ceux qui font l’apologie du Hamas sont des dangers pour la République française.

7) En partie liée à la question précédente, la question de l’accueil des réfugiés se fait notamment via un schéma national d’accueil des demandeurs d’asile & d’intégration des réfugiés, actuellement en cours d’élaboration pour la période 2024-2027. Concernant les objectifs d’accueil pour la Bretagne, quelle sera votre position ?

Pour reprendre les points précédents, un instituteur, une aide-soignante, un cuisinier, un infirmier, n’arrivent pas à se loger sur les îles et presqu’îles compte tenu de l’inflation immobilière. Ils ne peuvent pas se projeter sur une vie stable et durable, avec l’acquisition d’un bien immobilier, fonder une famille… Avant d’accueillir toute la misère du monde, peut-être devons-nous assurer cela. C’est tout le tissu économique, social et sanitaire de ces îles qui se désagrège rapidement.

8) Dans cette élection, quel candidat considérez-vous comme votre principal adversaire politique ?

Curieusement LFI propose la candidature d’une jeune étudiante de 20 ans sans aucune expérience, sans même en discuter avec son candidat de 2022 Karol Kirchner qui avait pourtant mené une bonne campagne et avec qui nous pouvions échanger. Si LFI passe, son côté antispéciste peut faire craindre le pire pour l’agriculture locale, l’élevage, l’abattoir rénové géré par la com com, la nouvelle laiterie récemment en activité…

9) Quelle(s) qualité(s) lui reconnaissez-vous?

Je parlerai ici du député actuel Jimmy Pahun: il a eu une certaine proximité des problématiques dans le début de l’exercice de son mandat, suivie d’un malheureux abandon …

10) Comme député, quel serait votre atout majeur ?

Je serais proche des iliens, des presqu’iliens, des Acadiens, des travailleurs, des gens qui galèrent pour trouver une place dans le bateau, qui galèrent pour se loger, pour se transporter, pour se soigner, pour finir leur fin de mois. Un stère de bois à 220 euros, un litre d’essence à 2 euros 40, une hausse des tarifs bateau, l’impossibilité de se garer à Quiberon. 

Je lutterais efficacement contre les trafics de drogue à Belle-île, l’insécurité qui naît et s’inscrit surtout en période estivale. Belle-île n’est plus protégée. 

Je favoriserais avant tout les habitants des îles et leur apporterais la protection nécessaire à leur maintien sur l’île professionnellement, familialement. Préférer investir de l’argent dans le logement des insulaires exerçant leur activité sur l’île à l’année et les saisonniers qui peinent encore plus qu’ailleurs à se loger, dans les transports, plutôt que de dépenser de l’argent dans des courses de bateaux et des feux d’artifice, la course Niji 40 le 8 avril dernier…

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