Hier en fin d’après-midi, samedi 12 mars, les salariés grévistes de la Compagnie océane qui avaient repris le service le temps d’une traversée sur le Bangor pour ramener les écoliers de retour de classe de neige, ont été accueillis sur le quai par leurs collègues pour marquer symboliquement la poursuite du mouvement de protestation. Sur place, les représentants syndicaux ont évoqué une « absence de dialogue » déjà pointée en 2018.
Comptant pour presque un tiers des 240 salariés de la Compagnie Océane, les marins et employés sédentaires travaillant sur la desserte Belle-Ile-Quiberon en étaient hier à leur 2e rassemblement depuis la grève entamée le vendredi 11 mars. Suivie selon les syndicats à plus de 90 %, la grève a été convoquée par 3 centrales qui reprennent les mots d’ordre déjà exposés en 2018: « Il y a 4 ans, il y avait déjà eu une journée de grève, et suite à ça la direction avait reconnu un défaut managerial, détaille Ronan Valin, délégué syndical CFE-CGC marine. En 2019, une enquête sur les risques psycho-sociaux dans l’entreprise avait donc été menée, et fin 2020, nous avions alerté le président de Région ». Suite à ces démarches, les salariés obtiendront même l’engagement qu’ils seront consultés afin de participer aux discussions autour du volet social de la future délégation de service public pour le transport maritime, qui doit être renouvelée au 1er janvier 2023, et pour laquelle un appel d’offre a été publié en novembre dernier.
Christophe Kermaidic, délégué syndical CFDT (premier syndicat de la Compagnie Océane, dont Claude Huchet est le secrétaire général pour la branche Bretagne Océans); Vincent Riche, suppléant de Nicolas Pichon pour la CGT; et Ronan Valin, délégué CFE-CGC marine.
Un mode de recrutement des cadres critiqué
Cependant, du point de vue des salariés, même si l’ensemble des syndicats reconnaît que les rencontres avec les élus locaux bellilois ont été positives, les engagements pour une implication du personnel dans les discussions autour du cahier des charges de la délégation de service public n’auraient été tenus que partiellement. « Maintenant, la Région nous propose une rencontre en avril, indiquent encore les délégués syndicaux présents sur le quai. Mais avec la direction, ça n’avance pas, et on peut même dire que cela fait longtemps qu’il n’y a plus de dialogue avec le personnel ». Et d’illustrer ce propos par une critique du mode de recrutement des cadres locaux de la compagnie: « Aujourd’hui, on ne fait plus monter les salariés en interne, et on fait systématiquement venir des cadres du groupe Transdev, qui parfois viennent du secteur des bus. Cela crée de l’incompréhension et des déceptions, avec encore récemment quelqu’un qui est parti vers une compagnie concurrente où il a trouvé une place qui lui convenait. Et dernièrement, notre responsable d’exploitation pour la ligne Quiberon-Belle-Île, encore choisi dans le groupe Transdev, est reparti. En fait, il a servi de fusible ».
Cet après-midi à 16h, les négociations entre les salariés et la direction reprendront, avec une place particulière pour les revendications des personnels sédentaires, qui ont été à l’origine de la grève.