Par un arrêté daté du 8 novembre dernier, le préfet du Morbihan, Joël Mathurin, a pris la décision d’autoriser l’implantation du vignoble de la SCEA dite des Vignes de Kerdonis, laquelle société appartient au groupe financier Fiducial. L’arrêté, qui s’appuie notamment sur le soutien donné au projet par les 4 maires bellilois, justifie la décision préfectorale par des arguments tels que « la taille modeste »* du vignoble, « la diversification de l’activité agricole sur le territoire insulaire », ou encore « la viticulture biologique prévue est de nature à limiter les traitements ».
*Sur la question de la surface de vignoble: « Le CERFA 15964*01, Demande d’Autorisation Environnementale, annonce un total de 26 ha des parcelles impactées par le projet et 15 ha d’emprise du projet la différence étant les parties restant en prairie. Sur ces 15 ha seulement 11,7 seront plantés de vignes le reste de la surface étant les zones enherbées autour des parcelles et les zones protégées pour préserver la flore ». (selon les mots du commissaire enquêteur, qui répondait à des contributions évoquant « 90 ha rencensés par un spécialiste comme favorables à l’implantation de vignes »)
Aujourd’hui, lundi 15 novembre, l’association La Bruyère Vagabonde, qui s’oppose à l’implantation du vignoble sur des terres classées en zone naturelle, produit un communiqué dans lequel elle confirme son intention de déposer un recours en annulation devant le tribunal administratif.
Lors de l’enquête publique, d’autres motifs d’opposition au projet avaient été soulevés, comme ceux mis en avant par l’association Belle-Ile 2070, qui pointait dans sa contribution à l’enquête publique « Le risque d’un renchérissement irréversible du foncier agricole et naturel de Belle-Ile, au détriment de l’agriculture territoriale, de la gestion des espaces
naturels et de l’avenir du territoire ».
COMMUNIQUE DE LA BRUYERE VAGABONDE
L’association Belliloise La Bruyère Vagabonde regrette la décision du Préfet du Morbihan d’autoriser le développement d’une exploitation viticole sur des sites classés de la Côte sauvage de Belle–île, et va déposer un recours en annulation devant le Tribunal administratif
Le Préfet du Morbihan vient de prendre un arrêté autorisant le développement d’une exploitation viticole à Belle–île–en6mer. Cette exploitation s’étendra dans un premier temps sur 11,7 hectares, dont 4,5 hectares sont situés sur des sites classés de la Côte sauvage. L’exploitant de ce vignoble ayant obtenu cette « autorisation spéciale » est la société « Les Vignes de Kerdonis », propriété de M. Christian Latouche, président du groupe financier international « Fiducial ».
Cette décision de l’Etat n’est pas une surprise. Elle intervient au terme d’une enquête publique qui a donné lieu à un avis favorable du commissaire enquêteur, alors que la majorité des avis des habitants recueillis dans le cadre de cette procédure exprimaient une opposition à ce projet, en particulier dans son développement sur les parcelles de la Côte sauvage.
Avec une telle décision, au moment où de nouveaux cris d’alarme s’élèvent de toutes parts pour souligner la gravité de la situation environnementale et la nécessité d’agir, l’Etat prend le risque insensé d’ouvrir une brèche dans la protection écologique de notre île, qui est encore l’un des sites naturels les plus préservés en France et en Europe.
Cette exploitation viticole que l’arrêté du Préfet confirme comme étant une « exploitation agricole intensive », sera lourde de conséquences sur ces parcelles de la Côte sauvage qui bénéficient de la protection « Natura 2000 ». Elle entraînera le déversement de pesticides, y compris en cas de classement biologique, la disparition d’espèces animales et végétales protégées, et la modification d’une partie du paysage. Elle créera un précédent en accordant une « autorisation spéciale » pour une activité privée en site Natura 2000. Elle induira un type de développement touristique générateur d’effets négatifs sur l’environnement et l’équilibre de Belle–île.
Nous regrettons d’autant plus cette décision qu’un autre choix était possible. Celui qui aurait consisté à autoriser cette exploitation sur les 7,2 hectares de terrains agricoles à Petit Cosquet où les pieds de vignes sont d’ailleurs déjà plantés, et à ne pas l’autoriser sur les 4,5 hectares de sites classés de la Côte sauvage. Ce choix équilibré aurait permis de concilier une opportunité de développement agricole de l’île avec les 4 à 5 emplois annoncés, et la préservation écologique d’un site naturel qui fait la singularité de Belle–île, son attractivité, et pour une grande part constitue un atout majeur pour la vie économique de notre île.
C’est pour faire prévaloir ce choix de la raison que notre association décide de déférer l’arrêté du Préfet du Morbihan devant le Tribunal administratif de Rennes afin d’en demander l’annulation.
Nous invitons celles et ceux qui ne l’ont pas encore fait à soutenir notre action en signant la pétition en ligne « Non à la privatisation de la Côte sauvage de Belle–île », qui a recueilli près de 40 000 signatures à ce jour.
Contact. labruyerevagabonde56@gmail.com