La Une En diagonal Agriculture. Deux projets de laiterie se développent en parallèle

Agriculture. Deux projets de laiterie se développent en parallèle

par SRG Salaun
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Récemment, l’entrepreneur Eric Jeanne dit Fouque a rendu public son projet de créer une laiterie à Belle-Ile. Suite à cette annonce, la coordinatrice d’un projet antérieur, celui d’une coopérative laitière d’abord portée par le CPIE, a souhaité produire un communiqué destiné à éviter toute confusion entre les 2 initiatives et que nous publions intégralement ci-après.

Mais tout d’abord, de quoi parle-t-on exactement?

Logo dessiné par Morgane Boehm.

Le projet d’Eric jeanne dit Fouque:

Sur la page de la cagnotte Miimosa mise en ligne pour un financement participatif, Eric Jeanne dit Fouque se présente ainsi: « Chef d’entreprise depuis 2001, j’ai exercé comme paysagiste jusqu’en mars 2019 ». Expliquant également avoir commencé à travailler sur ce projet avec le CPIE avant d’opter pour le modèle de l’entreprise privée, Eric Jeanne dit Fouque a regroupé autour de son projet les éleveurs Gilles Guénantin (Kerhuel) et Anthony Le Port (Kervellan). Son entreprise sera une société à responsabilité limitée (SARL).

La cagnotte: www.miimosa.com/fr/projects/creation-d-une-laiterie-a-belle-ile-en-mer?

https://www.facebook.com/lalaiteriedebelleile

Le projet de coopérative laitière initié par le CPIE:

Impulsé par le CPIE, le projet d’une coopérative laitière réunit aujourd’hui 3 agriculteurs: Yves Caro, de la ferme de Pavillon ; Patrick Canevet, à Domois ; la ferme Samzun, à Borticado. Jusqu’à présent, la coordination du projet a été assurée bénévolement par Mary-Anne Bassoleil, anciennement employée par le CPIE et ensuite devenue salariée de l’association Réseau Agricoles des Iles Atlantiques (RAIA). A terme, Mary-Anne Bassoleil et Christophe Pingault, venant pour sa part de région parisienne et connaissant le milieu agricole par ses origines familiales et son expérience dans l’industrie laitière, deviendront associés-salariés.

Pour l’instant au stade de l’esquisse, le logo de la future coopérative laitière sera prochainement retravaillé par un graphiste.
Contact:
– lait.prairies.belliloises@gmail.com
https://www.facebook.com/La-Coop%C3%A9rative-laiti%C3%A8re-de-Belle-Ile-en-Mer-106691464638435

 

 

LE COMMUNIQUÉ DE LA COOPÉRATIVE LAITIÈRE

Madame, Monsieur,

Face à la multitude d’interrogations dont nous avons eu connaissance concernant « les deux projets de laiterie », nous tenons à porter à votre connaissance des informations claires et synthétiques sur notre projet de coopérative laitière belliloise.

  • Premier projet : le nôtre, la Coopérative laitière de Belle-Ile-en-Mer, qui rassemble éleveurs et futurs salariés de la coopérative.
  • Deuxième projet : celui porté par M. Eric Jeanne Dit Fouque, en SARL : « La laiterie de Belle-Ile »

Notre projet, la Coopérative laitière de Belle-Ile-en-Mer a vu le jour en 2016. A l’origine, une volonté partagée entre éleveurs : mieux vivre de notre production et ne plus subir les variations du prix du lait.

Mais comment faire ?

Nous sommes allés visiter des exploitations agricoles sur le continent, chez des éleveurs qui transforment eux-mêmes leur lait en produits laitiers, pour en savoir davantage sur leur façon de s’organiser, les avantages et les inconvénients.

Nous avons réalisé des tests pour transformer notre lait en fromage et évaluer la qualité des produits.

Malheureusement, il a fallu nous rendre à l’évidence : nous n’étions pas formés pour ça et cela représentait une trop grande charge de travail supplémentaire de transformer tout notre lait nous-même.

Pourtant, nous ne voulions pas abandonner : une étude technico-économique réalisée en 2018 avec l’aide du CPIE de Belle-Ile-en-Mer et de la Chambre d’agriculture de Bretagne nous a montré qu’il y avait de la demande pour des produits laitiers locaux, et que cela valait le coup de se lancer. De plus, nous avons fait réaliser la même année par un laboratoire d’analyse un suivi de la qualité de notre lait : et surprise, grâce à la bonne herbe de Belle-Ile, il contient des acides gras particulièrement intéressants pour la santé. Cela nous a encouragé à réfléchir à un cahier des charges qualité pour notre lait.

Tout cela nous a convaincu d’avancer : à ce stade, nous étions trois exploitations à nous lancer dans l’aventure : le GAEC de l’Armorique, l’EARL de Domois et le GAEC de Borticado. Et nous avons décidé que ce serait une aventure coopérative : nous voulons être propriétaires de notre atelier de transformation, et avoir un droit de regard sur le prix du lait !

Malgré ces avancées positives, il restait plusieurs difficultés à résoudre, et pas des moindres :  qui va transformer notre lait ? Où installer notre laiterie coopérative ? Et comment la financer avec nos petits moyens ?

Nous avons pris les problèmes dans l’ordre :

En 2019, nous avons décidé de chercher des partenaires « porteurs de projet » qui pourraient prendre en charge la transformation du lait : nous avons diffusé un appel à candidature et rencontré plusieurs candidats. Cela n’a pas été simple de trouver la perle rare : nous ne pouvions pas salarier les personnes tout de suite car l’activité n’avait pas démarré, et nous ne voulions pas non plus laisser des investisseurs peu scrupuleux s’approprier notre projet.

Nous avons heureusement fini par trouver nos deux futurs salariés coopérateurs, et nous avons créé en septembre 2020 une association de préfiguration de la future coopérative : elle s’appelle « Lait des prairies belliloises ».

Ensuite, l’implantation :

Comme vous le savez sans doute, construire à Belle-Ile n’a rien de simple : les places dans les zones d’activités sont chères, et le Code rural ne considère pas notre activité de transformation de lait comme « agricole » : impossible donc de construire en zone agricole.

Nous avons donc essayé de trouver des solutions : nous avons par exemple sollicité des élus bellilois l’autorisation de nous installer dans un bâtiment déjà existant, mais cela s’avérait trop complexe de le mettre à notre disposition.

Aujourd’hui, nous avons une piste à proximité de la zone artisanale de Mérezelle, qui devrait se confirmer d’ici le début d’année prochaine.

Enfin, le financement : notre objectif, c’est bien de transformer tout le lait de nos exploitations, donc presque 1 million de litre de lait. Cela demande du matériel spécialisé et de la place : pas un petit budget, donc. Nous n’avons pas les moyens de financer cela nous-même. Mais nous pensons que notre projet est porteur de sens pour la collectivité, qu’il préfigure l’avenir en s’inscrivant dans une logique d’agriculture et d’alimentation de proximité : à Belle-Ile, nous pourrions être auto-suffisants en produits laitiers ! C’est pourquoi nous avons sollicité plusieurs collectivités pour nous aider à financer ce projet.

Nous avons reçu un accueil favorable de la part d’une collectivité qui nous a annoncé, le 22 octobre, son accord pour une aide totale de 250.000 €. Ce premier pas devrait nous aider à convaincre d’autres financeurs.

Nous espérons que ces précisions permettront à tout un chacun de se faire sa propre idée de notre projet et d’en saisir les spécificités !

Nous sommes à votre disposition pour toute question : vous pouvez nous écrire à l’adresse mail de l’association : lait.prairies.belliloises@gmail.com

Les GAEC de l’Armorique et de Borticado; L’EARL de Domois; Mary-Anne Bassoleil et Christophe Pingault, futurs salariés.

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