Après la conférence de presse organisée le 27 mars dernier à l’initiative des médecins libéraux de l’hôpital de Belle-Ile pour rendre public le chiffre de « 32 suspicions cliniques et confirmées » de cas de Covid-19, une nouvelle réunion de ces mêmes praticiens a eu lieu hier, vendredi 3 avril. Cette fois non publique, cette concertation avait pour objet de faire le point sur la manière dont a été reçue la première communication des médecins, et d’en tirer les conséquences.
Le même jour, Pierre-Yves Le Floch, médecin libéral responsable du dispositif mis en place pour faire face à l’épidémie de Covid-19 à Belle-Ile, répondait à une demande d’entretien de Belle-Ile en diagonales.
Actuellement, vous êtes le référent indiqué à la presse pour toute question relevant du dispositif mis en place à Belle-Ile pour la prise en charge des malades montrant des symptômes de Covid-19. Pouvez-vous expliciter votre rôle ?
Début mars, au moment où la crise se profilait, nous réfléchissions déjà à la manière dont nous pourrions nous organiser. Etant donné qu’il y a 2 ans j’ai passé une capacité de médecine d’urgence qui comprenait un module sur les pandémies, mes collègues m’ont alors désigné pour superviser le déploiement des moyens à notre disposition pour faire face. A ce moment, il se trouve qu’en plus j’étais peut-être le plus disponible, car j’avais prévu de partir en vacances. Mais, vu l’ampleur de la crise qui a suivi, nous avons commencé à nous répartir les tâches.
Pouvez-vous détailler cette répartition des rôles ?
Notre organisation se base sur les recommandations nationales et repose sur la distinction entre les patients susceptibles de développer une forme grave de la maladie et les personnes qui, au contraire, bien que touchées par le virus, sont considérées « à bas risque ». Les personnes dont nous estimons qu’elles pourraient évoluer vers un état grave sont suivies à domicile par un médecin. Le 2e cas de figure est celui des personnes à bas risque, qui sont suivies principalement au téléphone par une infirmière mise à disposition par l’association nationale Asalee. Pour l’instant, nous n’avons eu que très peu de formes sévères, c’est-à-dire de cas nécessitant une hospitalisation, soit à Belle-Île, soit à Vannes.
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3 commentaires
le fait du silence engendre une désinvolture des bellilois! je vois tous les jours des personnes venir 3 ou 4 fois au magasin! Discuter longuement dans les rayons, aucune protection ,ni gants ni masque!pour eux il n’y a pas de covid à Belle-ile !! Il faut savoir que des testés positifs circulent!!! Portez un masque, si ce n ‘est pas pour vous PROTEGEZ NOUS! MERCI
Bonjour,
Merci pour ces témoignage, entretien et éclairage intéressants.
En effet, la communication n’est pas une chose aisée, surtout en période de crise, encore plus sanitaire, avec des risques de santé publique. C’est un métier de communiquer et même une spécialité en situation de crise. Par contre, je trouve qu’on a parfois tendance à trop infantiliser les gens plutôt que de les responsabiliser et de faire preuve de transparence.
De mon point de vue, c’est encore pire de ne rien dire en termes de communication ou de cacher une situation.
Sans information et données, les gens vont opérer une construction mentale personnelle de perception de la situation et du risque perçu pour combler ce vide informationnel, à travers leur propre filtre personnel, humeur du moment, anxiété plus ou moins importante, propre expérience d’accidents de la vie ou de problèmes de santé,…etc…
Ils pourront alors fantasmer et imaginer encore pire la situation, voir angoisser encore plus. Cela pourra avoir pour conséquences d’augmenter chez certains le risque perçu, voir chez d’autres tout le contraire, c’est-à-dire un relâchement de la vigilance. Sans données, ils pourront considérer à tord que le risque d’être contaminé serait proche de zéro. Pour caricaturer, cela n’arrive que peu ici car nous sommes sur une île et protégés ou cela n’arrive qu’aux autres, ceux qui ne sont pas sérieux…etc
De plus, le manque de transparence peut inciter à la méfiance, voir à la défiance envers les autorités de santé ou publiques, ce qui serait catastrophique comme résultat, avec une possible remise en cause des principes de prévention.
Sinon, le secret médical est individuel et nominatif. Donner des chiffres globaux, rendus anonymes, n’a rien à voir avec le secret médical, encore plus en cas de crise sanitaire majeure et de pandémie, où les gens ont droit de bénéficier, de mon point de vue, d’une information éclairée et en toute transparence.
C’est pourtant ce que faisait la préfecture en début de pandémie, en donnant des chiffres par communes communiqués par l’ARS Bretagne. Même chose pour les articles de presse publiés suite à la communication des médecins de Belle-île précisant 32 suspicions cliniques et confirmées à Belle-Ile le 27 mars 2020. Pourquoi ce revirement de situation ? S’agit-il d’une demande de l’Agence Régionale de Santé (ARS) Bretagne suite à la communication dans la presse régionale mentionnée plus haut ?
Pour finir, comment croire qu’un nombre global de cas positifs permettrait d’identifier les personnes concernées et leur lieu de résidence comme suggéré dans l’entretien ?
Au contraire, l’absence d’informations, concoure en général aux rumeurs et aux fausses informations créant un climat de suspicions et délétère.
Pour aller plus loin sur le secret professionnel et médical, voir au format PDF: EPSMLM Lille métropole, note juridique rédigée par Mme Valériane DUJARDIN, juriste, le 12 mars 2014: «Secret médical, secret professionnel, secret partagé»: http://clsm-ccoms.org/wp-content/uploads/2017/01/note-redigee-par-valeriane-dujardin-juriste-ccoms-epsm-lille-metropole.pdf
Je cite cet extrait de l’entretien : « Nous considérons que, même si nous avons voulu faire acte de transparence en donnant le nombre de suspicions détectées en consultation, nous ne pouvions pas préciser le nombre de cas testés positifs. Dans le contexte bellilois, la facilité d’identifier les personnes concernées aurait en effet été trop grande. Or, nous craignions de contribuer à un état d’esprit proche de la « chasse à l’homme », notamment au vu du discours « anti » résidents secondaires relayé par les réseaux sociaux »
QUE peut-on comprendre en lisant ces propos ? Que si on identifiait les cas cela relancerait la chasse au résident secondaire??? Donc…..
Par ailleurs : on pourrait se demander COMMENT la simple formulation du nombre de cas positifs permettrait d’identifier les personnes malheureusement concernées et leur lieu de résidence? !
Au bout de l’interview on n’est guère plus avancé. Et beaucoup (trop) de parapluies sont ouverts.
La sagesse : appliquons rigoureusement les consignes : pourtant une maison de mon quartier n’ appartenant pas à un Bellilois et qui n’est destinée qu’à la location saisonnière s’est ouverte vendredi et est habitée ce samedi 4 -comme tous les ans à Pâques. CQFD