Embauché par le Corto Maltese comme second de cuisine en octobre 2019, Christophe Bardet, qui un temps a ambitionné de devenir joueur professionnel de rugby, a rapidement trouvé sa place dans une équipe organisée sans « chef ». Un cadre informel qui ne l’empêche pas de mettre à profit les méthodes traditionnelles de son père, jusqu’à récemment cuisinier bien connu à Belle-Île.
A l’époque où il a commencé à traîner dans les pattes de son père, le cuisinier Jean-Marc Bardet, alors qu’il était aux fourneaux du Castel, Christophe Bardet s’est souvent entendu dire que le métier n’était pas fait pour lui. Dès ses 12 ans d’ailleurs, ses parents n’avaient pas hésité à encourager son goût pour le rugby en l’inscrivant dans un centre de formation réputé dont les entraînements avaient lieu au stade de Marcoussis, entre autres fréquenté par le Racing 92 et le Stade Français.
« Ça se passait très bien, se souvient Christophe Bardet. Mais quand ils ont vu les appréciations sur mon comportement dans les bulletins scolaires, j’ai finalement été refusé… A une époque, il faut dire que j’ai été un vrai petit démon ! »
Un bac pro à Pontivy
Pas trop déçu d’être recalé pour une carrière sportive qu’il prend alors principalement comme un amusement, le jeune collégien suscite cependant l’inquiétude de ses proches. Notamment celle de son père, qui exclut a priori qu’il suive un jour ses pas dans la cuisine car il ne lui trouve pas assez de rigueur, et aussi parce qu’il considère que le rythme de la restauration est un frein à la vie de famille. Mais alors, il n’aurait pas fallu permettre à Christophe Bardet de visiter l’école hôtelière de Pontivy…
« J’avais déjà fait des stages découverte auprès de mon père au Castel Clara, explique-t-il. Mais la visite du lycée Jeanne-d’Arc Saint-yvy de Pontivy, qui est un établissement magnifique, avec un château, m’a tout de suite donné l’envie de me lancer ».
Les débuts au Corto Maltese
A partir de là, le jeune étudiant en bac professionnel, qui enchaîne des stages à Megève, Carnac, et Guer, passe même toutes ses vacances en cuisine auprès de son père, pour des « extra ». Et une fois son diplôme en poche, à l’été 2018, le voilà de retour à Belle-Île : après une saison au Cardinal, le Corto Maltese lui ouvre ses portes. « J’ai été embauché comme second de cuisine, détaille-t-il. Mais finalement, on s’est vite rendu compte qu’il me manquait encore beaucoup d’expérience pour gérer tout ce qui se passe autour d’une cuisine. Maintenant, je suis chef de partie. Je m’occupe donc des entrées et desserts avec l’aide de Thomas ».
Un temps déboussolé par le départ de l’ancien chef du restaurant, qui a amené Elise Fémel à réorganiser la cuisine en répartissant les rôles de manière plus informelle, Christophe Bardet a donc rapidement tiré parti de la nouvelle liberté qui lui était offerte.
« L’autre vie de mon père »
« Maintenant, j’ose plus essayer de nouvelles choses, et je peux aussi choisir davantage selon mes goûts. Par exemple, ce que je préfère, c’est lever le poisson comme mon père me l’a appris. C’est beaucoup plus précis que la viande, surtout pour la cuisson, qui doit avoir un rendu nacré. Par contre, je n’aime pas trop la pâtisserie, avec toutes ces mesures… »
Heureux du chemin parcouru depuis l’époque où on lui prédisait qu’il « finirait mal », Christophe Bardet, qui petit a souvent vu son père « partir à 9h le matin et revenir après minuit », est donc finalement passé de l’autre côté du miroir : « Dans les cuisines, j’ai vu une autre vie de mon père, et je l’ai mieux compris. Mais surtout, cette vie ça m’a plu », tranche-t-il. Depuis ce mois-ci cependant, en raison du déménagement d’une partie de la famille à Baden, s’ils n’en continuent pas moins, les conseils paternels se font à distance. Ce qui n’empêchera sûrement pas que, lors de ses séjours en famille, Christophe Bardet continuera à parler avec son père dans une langue formée dans le secret des cuisines ; comme il parlera à son petit frère recruté par le rugby club de Vannes dans la langue des rugbymen.
Le corto Maltese. Hôtel-restaurant**, place de l’Hôtel de Ville, à Palais. Tél : 02.97.31.37.37 – Site internet: www.hotel-restaurant-belle-ile.fr