Lundi 24 juin, lors du conseil municipal de Palais, plusieurs Bellilois ayant récemment réalisé des analyses révélant des taux importants de glyphosate dans leur urine se sont adressé aux élus. L’occasion d’échanges qui ont pointé le problème plus large de la pollution d’un environnement que l’on croyait protégé.
Collectés dans le cadre de la campagne nationale Pisseurs involontaires de glyphosate (PIG), les résultats des analyses ont mis à jour des taux dépassant jusqu’à 27 fois la norme maximum autorisée de 0,1 microgrammes pour chaque substance pesticide par litre, qui est la référence concernant l’eau.
« Parmi les 31 personnes qui ont participé aux tests, toutes sont très sensibilisées aux questions environnementales et ont une alimentation saine, principalement à base de produits biologiques, a détaillé Catherine Legras, la porte-parole du groupe. Nous voudrions donc comprendre où se fait le contact avec le glyphosate, d’autant plus que, même si nous avons pris comme référence les normes pour l’eau, nous savons que les taux de glyphosate dans l’eau du robinet à Belle-Île respectent les normes ».
Une « erreur de communication »
Une mise au point concernant la qualité du réseau local de distribution d’eau sur laquelle les élus ont par ailleurs insisté, regrettant que les chiffres concernant les taux de glyphosate dans les urines des personnes testées aient pu apeurer les Bellilois.
« On a peut-être fait une erreur de communication, a reconnu Michèle Delboy, une des participantes aux tests, mais notre démarche va au-delà de la recherche du seul glyphosate. Tous pesticides confondus, les normes actuelles autorisent des taux maximum de 0,5 microgrammes par litre dans l’eau. Même en restant dans la norme, ça fait donc beaucoup, et ce dont nous voudrions parler, c’est des pratiques qui pourraient être changées ».
Allant plus loin, Maggy Gaillard, choquée d’avoir découvert chez sa fille un taux de glyphosate 26 fois supérieur à la norme autorisée dans l’eau, a quant à elle avancé l’idée de conditionner les aides versées pas la CCBI aux professionnels à ceux qui s’engageraient dans la voie du biologique.
Une responsabilité collective
« L’agriculture raisonnée, ça ne veut rien dire, a-t-elle estimé, répondant à Frédéric Le Gars, maire de Le Palais et président de la CCBI, qui mettait en avant les efforts entrepris pour encourager les producteurs locaux. C’est bien de produire localement, mais si ce n’est pas bio, je n’achèterai pas ! »
Réponse du berger à la bergère : « On en a marre de recevoir des leçons de tout le monde et d’être pris pour des c… ! » dixit Jérôme Ledoux, conseiller municipal et éleveur à Borfloc’h.
Le moment ou jamais pour Catherine Legras de rappeler que la démarche des PIG ne consiste pas « à chercher des coupables mais à trouver des solutions ». Et aussi de souligner que la responsabilité de la pollution est collective.
A suivre : Lundi, les élus se sont engagés à rester à l’écoute des « lanceurs d’alerte » et à transmettre les données concernant les taux de glyphosate trouvés dans les urines à l’ARS et au député Jimmy Pahun ; les participants à la campagne PIG se joindront aux dépôts de plainte qui seront bientôt déposés contre l’entreprise Monsanto et contre l’Union européenne, qui continue à autoriser la vente de glyphosate.
Données sur la qualité locale de l’eau :
25/06/2019