Propriétaires de la crêperie La main à la pat’, Noémie Soulier et Patrick Largouët ont voulu faire de leur établissement autant une affaire de famille qu’un maillon actif de la vie locale. Aujourd’hui à la tête d’une entreprise qui tourne, ils s’efforcent de soutenir les producteurs bellilois et pensent déjà à s’agrandir, voire se diversifier.
Bien qu’ayant grandi tous deux à Belle-Île, monsieur étant cependant « plus bellilois » que madame, comme diront les puristes, Noémie Soulier et Patrick Largouët se sont connus quelques années après l’école.
Après un apprentissage non abouti dans l’ancienne pâtisserie de l’écluse, Patrick Largouët a travaillé dans la boulangerie du Super U, au Café Coton, chez Color’isle, et dans un restaurant provençal.
C’était il y a 10 ans, du temps où Noémie Soulier, après une première année de licence LEA à Lorient, avait décidé de travailler une saison comme serveuse au bar Le Matelot, où elle rencontrera un jeune homme au moins aussi ambitieux qu’elle…
« À l’époque, Patrick travaillait comme peintre en bâtiment chez Color’isle, se souvient l’actuelle patronne de La main à la pat’, aujourd’hui trentenaire. Moi, mes études ne me plaisaient pas, et après ma saison, j’ai voulu tenter une licence pro des métiers du livre à Aix, dans le sud de la France. Heureusement, il n’a pas fallu 1 an pour que mon Bellilois se décide à me suivre là-bas ! »
Sur place, pendant que Noémie étudie, Patrick trouve un poste de commis de cuisine dans un restaurant traditionnel provençal.
L’heure du changement de cap
Pour convaincre ses employeurs, le jeune homme a de beaux arguments : après une première formation non aboutie comme apprenti pâtissier, Patrick Largouët a en effet été responsable de la cuisine de la crêperie Coton, à Kervilahouen.
« J’y suis resté avec 3 patrons différents mais je voulais un travail à l’année, et j’ai donc fini par partir pour Color’isle, explique-t-il. A l’époque je ne savais pas encore dans quel secteur je voulais vraiment me spécialiser, mais j’ai toujours eu en tête qu’avant 30 ans, je serais à mon compte, et que j’aurais un gamin ! »
Une idée qui n’a rien pour déplaire à Noémie Soulier, qui se rend compte que décrocher une licence professionnelle et devenir libraire risque d’être une affaire plus compliquée que prévue… et ne demande pas mieux qu’un nouveau projet où mettre toute son énergie.
Il est donc l’heure d’une bonne nouvelle : la mère de Noémie, qui a travaillé dans la crêperie La sarrasine, rue de l’Eglise à Palais, apprend au jeune couple que ce commerce est à vendre.
Un départ en confiance
A la carte à l’année, les galettes de pommes de terre, qui sont faites d’un mélange de pommes de terre écrasées et de sarrasin, permettent de préparer des « burgers ».
Branle-bas de combat ! Patrick fait son baluchon et demande aux propriétaires de l’embaucher pour une saison. Noémie a donc tout juste le temps de terminer sa licence lettres modernes option métiers du livre et de passer son permis moto. La voilà elle aussi de retour pour une saison au bar de l’hôtel du Phare, du temps de la famille Pacalet. Fin 2012, tout est donc prêt pour la reprise de la crêperie, que les deux tourtereaux rebaptisent La main à la pat’.
«J’ai toujours été confiante car on connaissait le secteur de la restauration, et qu’en plus je viens d’une famille de commerçants, avec des grands-parents qui avaient une crêperie à Saint-Goustan, confie Noémie Soulier, dont les parents sont arrivés à Belle-île dans les années 1980. Et puis, Patrick a toujours aidé dans la ferme de sa famille, à Crawford, ce qui fait que c’est un bosseur».
Ce que Noémie Soulier et Patrick Largouët n’avaient pas prévu en revanche, c’est l’enthousiasme suscité par leur projet : aussitôt, les Bellilois répondent présents pour soutenir le jeune ménage dans son pari.
Une réflexion sur les filières locales
Forts de ces encouragements, nos deux commerçants débutants construisent peu à peu un modèle d’entreprise qui est désormais leur marque de fabrique : utilisant principalement des produits locaux, ils participent par ailleurs aux réflexions en cours sur le développement de filières alimentaires insulaires autonomes, et s’engagent dans une démarche vers le zéro déchets et le développement des énergies renouvelables.
« Notre démarche ne vise pas à obtenir un label, insiste Noémie Soulier. Si on prend notre électricité chez Enercoop, qui est un fournisseur d’énergie 100% verte, c’est par conviction. Et, même si pour l’instant on n’a pas encore trouvé une farine bio dont le rendu nous convienne, on achète au moins en Bretagne. Pour nous, ça n’aurait aucun sens d’acheter du bio de l’autre bout du monde ».
Un message qui semble avoir été reçu à 100% par la clientèle, également satisfaite d’une politique de prix qui ne verse pas dans les excès des stations touristiques, comme en témoigne la forte fréquentation de l’établissement, particulièrement depuis l’été dernier.
De nouvelles aspirations
Férue de littérature, Noémie Soulier a créé dans sa crêperie un espace dédié à l’échange de livres
Tout cela malgré l’arrivée, en 2015, d’un élément perturbateur dans l’organisation bien réglée de l’entreprise : la naissance d’une petite Zoé.
« En ce moment, on est en pleine réflexion, car on ne peut pas toujours faire passer le travail avant le reste, considère Patrick Largouët. On a un projet d’agrandissement en vue, et aussi de développer un service de restauration à domicile, par exemple pour les mariages. Mais pour la suite, on n’a pas encore exactement décidé de ce vers quoi on ira ».
Dans la maison en carton qu’ils sont en train de construire dans le fief sauzonnais des Largouët, à Crawford, Noémie et Patrick n’ont donc pas terminé d’imaginer des plans d’avenir où il y aurait de la place à la fois pour leurs « ambitions plus grandioses les unes que les autres »… et pour une petite fille de 3 ans.
La main à la pat’. 1 Rue de l’Eglise, Le Palais. Tél. 02.97.31.57.70
https://www.facebook.com/lamainalapat
-Hors saison : ouvert du mercredi au dimanche (fermé le dimanche en janvier).
-En saison (mars à octobre) : ouvert tous les jours, midi et soir.
Carte : crêpes, wraps (en été), samoussas, galettes de pommes de terre (mélange de pommes de terre écrasées et de sarrasin), burgers à partir de galettes de pommes de terre.
Fournisseurs : farine bretonne (actuellement en recherche d’une farine bio), salades d’Amandine et Baptiste Vasseur (ou de Patrick et Hélène Lalouse en cas de problème de stock), saucisses du Coin des producteurs, lait et une partie des glaces de la ferme EARL du Viligam (Crawford), fromage de chèvre de la ferme de Fonténégo, fromage de vache Pilou, chocolat de La Palantine, Caramels la Bien Nommée, hydromel et tisanes des Ruchers de l’Abeille noire, saumon de la poissonnerie KAVAC, bière La Morgat, thés de chez Gaëla, apéros et sirops d’Olivier Ferrando, Whisky Kaerilis.
La main à la pat’ en quelques chiffres :
42 couverts, jusqu’à 4 salariés au plus fort de la saison (en appui des 2 propriétaires).
Cité par le Guide du routard 2019.
13/05/2019